Décryptage - Bilan de santé de la Pac/Grandes cultures Une hausse des cours de 10 % suffirait à compenser la baisse des aides directes
Les systèmes d’exploitation les plus intensifs auraient davantage les moyens de surmonter la baisse des aides car, avec une production plus importante, la hausse des cours se répercuterait directement sur leur chiffre d’affaires. Mais les marges de manœuvre à la disposition des céréaliers résident davantage dans les gains de productivité à réaliser. (1)
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L'avenir dira si le pari de Michel Barnier d'un redressement prochain des cours des céréales pour compenser la baisse des aides est le bon (© Terre-net Média) |
Pour le montrer, les ingénieurs d’Arvalis se sont reposé sur les cinq systèmes d’expérimentation du centre de recherche (Intégré, raisonné, MachII, bio et monoculture de blé – voir leur description en cliquant ICI). Quatre des cinq systèmes perdraient environ 93 euros de marge directe par rapport à leur niveau de 2001-2008 (avec un prix de la tonne de blé à 120 euros) et le système bio, 53 euros.
Si la conjoncture de prix au cours des prochaines années est meilleure et permet d’espérer une hausse des prix du blé et du colza de 10% par rapport à la moyenne 2001/2008, il ressort que le système MachII, qui dégage les rendements les plus élevés, est le plus sensible à une hausse des prix. Sa marge directe serait à peu près équivalente à son niveau d’avant la baisse des aides.
C’est en fait l’ensemble des systèmes expérimentés qui profiterait de la meilleure conjoncture. Et une hausse des prix des produits agricoles atténuerait même les écarts de rentabilité. Mais moins productif, le système bio profiterait à peine de la meilleure conjoncture de prix. Michel Barnier, ministre de l’agriculture, qui mise sur une hausse des prix pour compenser la baisse des aides pour faire accepter le rééquilibrage des aides aurait alors gagné son pari.
Scénario catastrophe à ne pas exclure
Ces premiers résultats reposent sur des prix d’intrants moyens observés entre 2001 et 2008. S’ils restent durablement à leur niveau de 2008 (+20% par rapport à la période prise en référence), la meilleure conjoncture de prix envisagée dans la précédente hypothèse serait en revanche à peine suffisante pour compenser à la fois la baisse des aides et l’augmentation des charges.
Autre scénario, celui-là catastrophique : des prix agricoles durablement bas (90€/t) « type 2005 » et des intrants à leur niveau de 2008 en plus de la baisse des aides directes (bilan de santé), cas de figure envisagé par le monde syndical et professionnel. Les systèmes MachII et « mono culture blé » les plus gourmands en intrants et les plus sensibles aux variations des prix verraient alors leurs marges directes à l’hectare s’effondrer de plus de 300 euros, soit près de 50%. Dans un tel contexte, le système bio serait en revanche le plus rentable puisqu’à la fois moins productif, moins sensible à une baisse des prix des céréales et le moins gourmand en intrants ! Mais sa rentabilité ne repose que sur le fait que ce système occupe une niche !
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